[ ALBUM ] CHRIS PELLNAT, Rain, ensoleillé.

Rain, nouvel album de Chris Pellnat (disponible chez Houdini Mansions records )

Le nouvel album de Chris Pellnat s’appelle Rain, mais il n’est pas synonyme de grisaille ou de morosité. Au contraire, cet album est ensoleillé, joyeux, vivant, sonne So british alors que l’homme est américain. Paradoxale ? Peut-être. Mais on adore !

Images.

Il pleut, averse. Il y a aussi, peut-être, du vent. Mais vous, vous êtes chez vous, au sec, bien emmitoufler dans un pull en laine, une tasse de boisson chaude dans la main. Vous regardez la pluie ruisseler sur la vitre. Le ciel est gris, de plomb, propice à la divagation mélancolique. Mais alors que la première pensée négative s’insinue sournoisement en vous, vous sentez une main sur votre épaule, une main rassurante, aimante. Alors, vous souriez face à la pluie, parce que vous vous sentez bien. Vous êtes là où vous devez l’être.

En écoutant Rain de Chris Pellnat, toutes ces images surviennent à un moment ou à un autre de cet album renfermant 10 pop songs en dehors du temps. En dehors du temps et des modes. Confectionnées par un musicien artisan, les chansons de Rain sont une éclaircie qu’il convient de savourer à sa juste valeur.

 

Une apparente simplicité.

Les compositions de Chris Pellnat nous apparaissent d’une apparente simplicité : quelques accords de guitare folk, une rythmique légère, des orchestrations que nous qualifierions de naturelles, folks, et une voix qui nous apparaît instantanément familière. La simplicité repose sur des mélodies accrocheuses, jamais racoleuses, et sur des lignes de chant très bien senties, très pop. Tout de suite, l’album nous apparaît indispensable !

L’ensemble y est majoritairement acoustique, même si quelques éléments électriques (quelques guitares, les claviers) apparaissent avec tact. Ils sont traités avec beaucoup de légèreté, et servent à ponctuer une ligne musicale de quelques apports chaleureux, ou bien encore apportent un peu de contraste. Ces touches électriques semblent suspendues aux lèvres du singer songwriter. Il s’agit là d’arpèges souvent aérés, qui viendraient se poser sur les rythmiques de la même façon que nous posons notre voix.

Voix familière.

Celle de Chris Pellnat y est posée, claire et à la diction parfaite (nous le précisons car certains chanteurs ont tendance à avaler leur mot, comme pour masquer la vacuité de leurs propos). Il délivre, à travers des lignes de chant pleine de légèreté, des comptines définitives qui tout de suite nous semblent familières.

C’est un peu comme si Chris Pellnat savait ce qui nous fait du bien, alors il entonne ses chansons directement dans le creux de notre oreille, comme pour mieux parler à nos cœurs et à ce qu’ils renferment de plus tendre, de plus heureux, même si quelques touches plus nostalgiques, presque mélancoliques, mais jamais plombantes, surviennent (nous pensons au titre Walking by twos par exemple).

L’ombre de Barrett.

Nous sentons à diverses reprises une certaine filiation avec Syd Barrett. Alors oui, on vous voit venir avec vos gros sabots en citant Barrett. Nous entendons déjà les voix de crécelle dire :  « Mais non ce n’est pas possible ! Blasphème ! » Eh bien figurez-vous que sur un titre comme Anything at all, nous nous retrouvons en plein cœur de Londres, il y a 60 ans de cela. Et tout cela par la grâce d’une guitare folk, de claviers vintages, et d’une production absolument fantastique (non, nous n’exagérons toujours pas) car respirant la simplicité, la sincérité, et un certain psychédélisme totalement Britannique.

Pourtant Chris Pellnat, dont le patronyme sonne anglo-saxon, vit aux États-Unis, à Hudson, New York. Sa musique évoque cependant la pop anglaise des années 60, voire du tout début des années 70, même si nous sentons parfois l’ombre d’un Bob Dylan rôder dans les alentours (ceux de It’s a cruel, cruel world, dans la ligne de chant par moments, et l’utilisation de l’harmonica également), ou bien d’un Jonathan Richman (voire, sur le morceau Rain, les Dandy Warhols).

Directe et touchante.

La musique de Chris Pellnat possède cette faculté d’être directe, d’aller à l’essentiel, sans s’entourer d’oripeaux putassiers. Tout ici respire la spontanéité, l’envie de proposer une musique maligne, bien faite, avec des instrumentations plutôt originales (nous retrouvons notamment un harmonica, un mélodica (ou accordéon, ou clavier qui reproduirait une sonorité approchante).

Au final, Rain se savoure pleinement, dès sa pochette, elle aussi évoquant l’Angleterre et ses fameux chapeaux melon, jusqu’au moment où la dernière note de Rain s’évapore dans l’air. Et après, une sensation de bien-être s’impose à vous, et vous invite à reconsidérer le monde, le vôtre au moins, de façon nettement moins morose.

Le titre de Rain.

Voilà chose malaisée que de citer un seul titre de cet album dont les pépites s’enchaînent les unes aux autres. Nous portons alors notre dévolu sur Turning of the zodiac. Pour son côté légèrement surf rock. Pour sa ligne de chant, parce que nous pensons vaguement aux Beach Boys (avec ce tambour évoquant le tout début de Wouldn’t it be nice du fameux Pet sounds), parce que nous aimons comment le titre est produit, parce qu’il est un peu différent de l’esprit global du disque, comme s’il s’agissait d’un condensé d’énergie douce et presque festive. Et parce qu’il fallait bien en citer un… Car à la réalité, Rain ne souffre pas de titres médiocres.

chris pellnat rain

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Lien bandcamp de Chris Pellnat

On pense à Seawolf

BONUS : nous vous proposons de découvrir le dernier morceau de Chris Pellnat, ici en compagnie du bassiste et saxophoniste Ben Somers : Could have been, should have been

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