POLITIQUE - Un rapport explosif publié le jour où Emmanuel Macron donne sa grande conférence de presse de campagne. Ce jeudi 17 mars, une commission d’enquête du Sénat qui s’est penchée sur l’influence (controversée) des cabinets de conseil au sein des pouvoirs publics accuse l’entreprise McKinsey (dont les liens avec le gouvernement ont fait polémique) d’optimisation fiscale.
“Le cabinet McKinsey est bien assujetti à l’impôt sur les sociétés (IS) en France mais ses versements s’établissent à zéro euro depuis au moins 10 ans”, dénoncent les sénateurs, rappelant que le cabinet de conseil a pourtant réalisé un chiffre d’affaires de 329 millions d’euros en France pour le seul exercice 2020, “dont environ 5% dans le secteur public”.
Résultat, “il semble qu’il s’agisse d’un exemple caricatural d’optimisation fiscale”, accuse le Sénat, alors que Karim Tadjeddine, responsable du pôle secteur public de McKinsey et conseiller sur la campagne d’Emmanuel Macron en 2017, avait juré devant les membres de la commission que l’entreprise avait bien payé l’impôt sur les sociétés en France. Des propos mensongers pour lesquels le Sénat compte saisir la justice, puisque l’intéressé s’exprimait sous serment et que le faux témoignage devant la représentation nationale est passible de cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende.
“La Macronie préfère envoyer vos impôts au Delaware”
Sans surprise, ces révélations provoquent de vives réactions politiques, dans la mesure où le gouvernement a souvent été accusé d’accorder une trop large place à ces cabinets privés pour appuyer ses décisions. “Emmanuel Macron doit s’expliquer sur le recours massif de l’État à l’entreprise McKinsey dont le Sénat révèle qu’elle ne paye pas ses impôts en France. Comment pouvait-il ne pas le savoir?”, tacle Valérie Pécresse dans un tweet, jugeant que le chef de l’État est dans l’obligation de “rendre des comptes” après ce rapport.
“Voilà comment on démantèle l’État et le service public. Non seulement le gouvernement a payé des millions d’euros de commandes de conseils à McKinsey, mais en plus c’est un fraudeur fiscal!”, a renchéri sur le même réseau social Delphine Batho, porte-parole du candidat écologiste Yannick Jadot. Même son de cloche du côté de l’Insoumis François Ruffin. “Le cabinet de conseil a touché 10,8 millions d’euros du gouvernement rien qu’en 2020. Ils devraient être traînés devant des tribunaux. La Macronie préfère envoyer vos impôts au Delaware”, a tweeté l’élu picard.
De l’autre côté du spectre politique, à l’extrême droite, les critiques sont tout aussi fortes. “Entre ses prestations douteuses, ses liens étroits avec la Macronie et son optimisation fiscale, il s’agit d’un énième scandale d’État”, accuse le président par intérim du Rassemblement national, Jordan Bardella.
Les premières révélations sur le sujet datent du mois de janvier 2021, quand le site Politico avait fait état du rôle du cabinet américain dans la mise en place de la stratégie vaccinale en France. Alors que le sujet revient régulièrement dans le débat, Jean Castex avait publié une circulaire à la mi-janvier pour encadrer le recours aux “prestations intellectuelles” et réduire les dépenses de conseil de 15% pour l’année 2022.
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